Le confinement est arrivé, du jour au lendemain, avec son lot d’inquiétudes. Si aujourd’hui, je suis capable de mettre cette pause inédite derrière moi, il en demeure une incertitude qui me ronge peu à peu. Je me rends compte que le monde a changé, va encore changer et que nous avons tous changé. Mais ne pas pouvoir répondre à la question - « comment ? » - m’angoisse.
J’ai peur que l’humanité aille se scinder en deux…
…ceux qui sont pour le vaccin, pour ce distancement normalisé et inhumain, acceptant ces visages cachés derrière des masques uniformisés, du contrôle dictatorial de la population et de la géolocalisation inséré jusqu’à dans nos veines…et de l’autre ceux qui crient pour une liberté d’être, de vivre, d’exister…comme avant.
Mais avant ? Avant quoi ? Je repense à tous ces moments charniers dans l’histoire. Des vies chamboulées, d’autres pandémies, des guerres, des catastrophes naturelles … il existait un « avant » pour ces personnes et le monde a tant bien que mal continué à tourner. Je pense à une tante qui, ayant connu la pandémie de la tuberculose dans les années 1950, n’a dès lors plus touché une poignée à l’extérieur sans utiliser son mouchoir ; qui fait ses courses en utilisant des gants, et qu’on a gentiment traité de folle toute sa vie. Je me rappelle d’une amie, une grand-mère d’adoption, qui a connu la deuxième guerre mondiale et qui fuyait la Suisse, chaque année au mois d’août, ne supportant pas d’entendre, même au loin, le bruit des feux d’artifices…
Des histoires comme celle-là, il en existe des milliers. Et d’autres viendront s’ajouter au fil des siècles. La vie est une force de la nature ; l’Homme, un hymne à la résistance. Et je veux faire partie caeux qui ne se laisseront pas intimider par la peur, qui continuent à avoir la foi en l’existence et leur destin, qui pourront s’élever au-dessus de l’influence aveuglante, dans le respect et l’attente…du nouveau levé de soleil.
« Puis l'aube avait blanchi et il avait découvert que quand l'amour est là, il ne s'évanouit pas au lever du soleil, à la tombée du rideau, il perdure. »
- Peter Hoeg
#0180: Elisabeth Corey
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